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Home Actualités du secteur Septembre 2010 « C’est un calcul à courte vue que de nous saigner à blanc »

« C’est un calcul à courte vue que de nous saigner à blanc »

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© Arnaud FévrierTVA et “Triple Play“

Entretien avec Maxime Lombardini, Directeur Général d’Iliad, maison mère de Free

Selon vous, l’injonction de la Commission européenne n’est qu’un « prétexte » saisi au vol par Bercy… Pouvez-vous développer ce point de vue ?

La Commission elle-même a précisé par un communiqué qu’elle n’exigeait pas un changement si rapide et drastique. Elle a posé des questions sur la mise en œuvre de la TVA réduite et la France a  défendu le statu quo. Sans qu’il y ait de nouveaux éléments, nous avons appris le projet de relèvement il y a quelques semaines, qui a été mis sur le dos de l’Europe.

 

 

Relèvement de la TVA à 19,6% sur la totalité de la facture ou seulement sur la partie qui ne concerne pas la télévision ? Y voit-on clair aujourd’hui ? A quoi s’attendre ?

Nous ne connaissons pas le texte à ce jour mais nous avons été habitués au pire. Depuis 3 ans on nous dit, vous payez la taxe COSIP (financement du cinéma) en contrepartie du taux de TVA réduit ; aujourd’hui le projet semble être de repasser tout à 19.6% et de maintenir la taxe COSIP. Pour les télécoms en France c’est toujours fromage et dessert !

Quelle serait, d’après-vous, une véritable mise en conformité avec les règles européennes ?

Simplement le retour au rescrit fiscal qui permettait à chaque opérateur de justifier objectivement (part des investissements consacrés à la TV, trafic…) de la part du chiffre d’affaires qui relève de la TVA à taux réduit. Et faire appliquer strictement la règle : seuls les abonnements triple play permettant effectivement de recevoir la TV doivent bénéficier du taux réduit. L’impact budgétaire est ainsi limité.

Quel sera, selon vous l’impact, économique de la répercussion quasi-générale sur le prix des abonnements ?

Très simplement une atteinte au pouvoir d’achat de 20 M de foyers français, l’équivalent d’un treizième mois d’abonnement. L’accès à internet est véritablement un besoin et un droit fondamental. Dommage de le taxer une fois encore. Et quel paradoxe de consacrer 2 Mds d’euros au travers du Grand Emprunt aux réseaux très haut débit et de pénaliser les opérateurs avec ce changement de TVA avant même le versement du premier euros du plan d’aide. Drôle de vision de la relance !

Vous qui n’êtes pour l’instant qu’un acteur du fixe, considérez-vous cette taxe plus handicapante pour Free dans le contexte actuel de concurrence ?

Cette nouvelle taxe est handicapante pour tous les opérateurs de télécom. Nous sommes dans une période de gros investissements qui feront de la France un pays plus moderne et attractif (réseaux FTTH, montée en débit en région, réseaux très haut débit mobiles…) et nous subissons une taxe nouvelle tous les six mois. Les télécoms méritent mieux que cela ; c’est une industrie profitable mais qui réinvestit des sommes considérables dans une infrastructure précieuse. C’est un calcul à courte vue que de nous saigner à blanc.

Pouvez-vous expliquer votre approche qui consiste à faire mention d’une taxe « Baroin-Sarkozy » sur vos factures ?

Nous nous battons depuis huit ans pour que les Français aient le « triple play » le moins cher au monde ; les prix n’ont pas bougé depuis 2002. Si les ménages subissent une augmentation il nous paraît important qu’ils en connaissent l’origine.

Mise à jour le Mardi, 21 Septembre 2010 10:44  

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