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Les opérateurs de téléphonie mobile en plein choc de compétition

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Mercredi 12 décembre, le Club Parlementaire du Numérique (CPN) recevait les cinq opérateurs de téléphonie mobile afin d’aborder sans tabou la situation de ces groupes sur un marché considérablement perturbé depuis l’arrivée fracassante de la quatrième licence.

Après une introduction de la députée Corinne Erhel (SRC, Côtes d’Armor) qui, fidèle à son cheval de bataille, a rappelé le « relais de croissance » que représente le très-haut-débit pour tous, la parole a été donnée au cinq dirigeants présents : Didier Casas, Secrétaire général de Bouygues Télécom, Pierre Louette, Directeur général adjoint et Secrétaire général de France Télécom Orange, Philippe Logak, Secrétaire général de SFR, Maxime Lombardini Directeur général d’Iliad et Geoffroy Roux de Bézieux, Président de Virgin Mobile France.

Sous la houlette du journaliste Emmanuel Cugny, les cinq dirigeants ont mis cartes sur table. Bouygues Télécom et Didier Casas ont ainsi fait état du « climat économique extrêmement difficile » et de la concurrence dont il assure « se réjouir. » SFR n’a pas non plus mis sous le boisseau les difficultés du moment, évoquant un marché « en contraction. » Les tarifs de terminaison d’appels et la régulation européenne forçant les opérateurs à baisser leurs prix ont été largement pointés du doigt. Pour Pierre Louette, la France n’a pas une tradition de la concurrence encore bien établie dans le domaine, ce qui a conduit à imposer un quatrième opérateur en péchant par « esthétisme »

Au cœur du débat, la question des marges et des investissements a cristallisé la tension entre Free et les autres opérateurs. Didier Casas, dans un discours pédagogue, a insisté sur l’importance cruciale de l’investissement dans le secteur des télécoms et l’absorption quasi-totale de cette part sur l’ensemble de la marge réalisée par les opérateurs. Pour Philippe Logak, « le marché est désormais très étroitement régulé et complètement déréglé : les prix ne sont plus le reflet des investissements. » Geoffroy Roux de Bézieux, très en verve, a pris les paris : « dans 24 mois, il y aura un réseau en moins. » Selon lui, les forfaits à deux euros ne sont pas tenables : « on est passé d’un oligopole bourgeois à l’extrême inverse », a-t-il ajouté en guignant vers Maxime Lombardini.

En butte à tous ces sous-entendus depuis le début de la soirée, le Directeur général d’Iliad a refusé d’endosser le rôle de bouc émissaire, rappelant que l’activité avait déjà accusé un net ralentissement avant l’arrivée de la quatrième licence. « On fait le débat comme si Free était arrivé sur le marché sur un coup de tête, la vérité, c’est que tout le monde savait depuis longtemps à quoi s’attendre. » Maxime Lombardini a également tenu à relativiser les tarifs très agressifs de Free, assurant que le forfait à deux euros, récemment enrichi, n’était pas à destination d’un large public.

Geoffroy Roux de Bézieux en également profité pour pointer une contradiction des quatre grands dont la concurrence ne s’exerce qu’à l’endroit du mobile puisque leurs offres de téléphonie/Internet fixe « sont toutes similaires. »

Malgré le sombre tableau dressé par les opérateurs de téléphonie mobile, Didier Cazas a évoqué « la promesse du très-haut-débit ». L’arrivée de la LTE abrite les espoirs des opérateurs de réseau, prêt à augmenter les prix des forfaits compte tenu des investissements supplémentaires. C’est notamment le discours de Pierre Louette qui parle « de monétiser la vitesse et le débit. » Mais Geoffroy Roux de Bézieux, faisant valoir son statut d’ancien, s’est montré très sceptique sur la possibilité d’augmenter les prix : « à l’époque, la 3G n’a jamais été vendue plus cher que la 2G. »

Plus frileux sur les rumeurs de rapprochement, les dirigeants se sont gardés de toute déclaration fracassante. Pour Philippe Logak, les choses sont clairs : « SFR n’est pas à vendre. 

Enfin, abordé en marge, le développement de la fibre a également fait état de tensions latentes entre l’État et les opérateurs. Ces derniers ont clairement affiché leurs réticences à financer les zones blanches, jugées trop coûteuses et peu rentables. Corinne Erhel, en retour, a vanté « l’effet multiplicateur du très-haut-débit » et le potentiel de croissance qu’il représente à ses yeux. Réponse de Maxime Lombardini : « une entreprise n’investit pas en fonction de l’économie générale mais selon la viabilité d’un projet. »

Dans une ambiance franche mais courtoise, les opérateurs ont donc pu exprimer griefs et espoirs tout en donnant l’image d’un secteur en plein choc de compétition mais dont les ressources et les innovations sont loin d’être épuisées.

Par Joseph d’Arrast


Mise à jour le Mardi, 18 Décembre 2012 11:54  

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