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Home Telecom « Celui qui maîtrise les données peut transformer son entreprise »

« Celui qui maîtrise les données peut transformer son entreprise »

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Questions à Mats Carduner, président-fondateur de Fifty-five, ex-directeur de Google-France

Après avoir quitté Google vous vous êtes lancé dans la création de Fifty-five, une start-up spécialisée dans le Business Analytics Marketing. De quoi s’agit-il ?

En tant qu’ancien dirigeant de Google en Europe, j’ai fait avec mes associés plusieurs constats : Internet est une formidable machine à produire des données : comportementales, commerciales, publicitaires... Elles sont devenues essentielles pour comprendre les besoins des utilisateurs et pratiquer un marketing plus intelligent. Mais la multiplication des écrans et des canaux de communication entraîne une prolifération vertigineuse de ces données, qui sont disparates et de plus en plus difficiles à exploiter.

Née de ces constats, 55 est une agence spécialisée dans la data et l’Analytics au service du marketing ; nous avons pour ambition de collecter les données digitales pour améliorer l’expérience utilisateur sur les sites, augmenter les taux de transformation, et permettre de mieux cibler prospects et clients.

Un terrain encore assez ignoré des décideurs de l’internet français…

Le secteur de l’Analytics et de la Big Data est assez méconnu des Directions Marketing. C’était surtout jusqu’à présent un sujet de Direction Technique ou de DSI. Mais le marketing est radicalement transformé par les données et la technologie, et change radicalement de modèle. Celui qui maîtrise la collecte, l’organisation, la sécurisation, le traitement et l’activation des données digitales a de grandes chances de faire un marketing plus ciblé, plus personnalisé, plus pertinent et à meilleur coût. Notre entreprise a je pense le mérite de faire bouger les lignes des métiers du marketing et rendre ces données accessibles et utiles aux directions marketing et aux directions générales.

Comment se porte maintenant votre entreprise ?

Notre start-up, qui a reçu le soutien d’OSEO et le statut de Jeune Entreprise Innovante, compte aujourd’hui 60 employés et travaille avec une cinquantaine de grands groupes internationaux pour optimiser leur stratégie Internet en collectant et en exploitant les données digitales. Nous avons une croissance rapide et sommes rentables depuis notre premier exercice. Nous envisageons cette année de nous étendre à l’international.

Quel regard portez-vous sur le rapport Colin et Collin. Taxer les données personnelles, est-ce la bonne solution ?

Cette idée me dérange profondément. Les services et technologies autour de la donnée sont déjà taxés, avec la TVA. Rajouter une taxe par-dessus serait à mon avis un contresens historique au moment où le gouvernement doit précisément investir massivement dans le digital ; en effet, les données sont non seulement le carburant de la révolution digitale, mais également la matière première de la quasi-totalité des société de l’écosystème Internet, que ce soit des régies publicitaires, des agences média ou créatives digitales, des sites marchands, des services de contenus ou de divertissement, ou des agences de services ou de technologies de marketing et de CRM – sans parler de tout l’écosystème mobile. Taxer les données serait un obstacle de plus sur le chemin de ces entreprises innovantes qui ont besoin au contraire qu’on les libère à la fois fiscalement, administrativement et du point de vue du financement. En revanche, réguler la fiscalité européenne pour que les géants du net – dont les profits reposent sur les données – est effectivement capital pour éviter les distorsions concurrentielles, qui conduisent d’ailleurs nos technocrates à formuler des propositions aberrantes de taxations supplémentaires et inefficaces.

Le Gouvernement a fait marche arrière sur sa décision de taxer les plus-values de cession à hauteur du barème de l’impôt sur le revenu. La France est-elle revenue à un niveau de fiscalité suffisamment incitatif pour des entrepreneurs de votre acabit ?

Cette volte-face rétablit une situation normale, et avoir ne serait-ce qu’envisagé de le faire est tout simplement consternant. Le climat délétère anti-entrepreneurs qui régnait était décourageant, mais il semblerait que la nouvelle ligne soit plus bienveillante et reconnaisse la nécessité d’encourager l’initiative et l’innovation. Si on met tout bout à bout, la fiscalité sur le travail demeure encore très élevée, et il existe encore de nombreux freins à l’embauche – y compris d’ailleurs pour des salariés étrangers. Mais les dispositifs de financement et d’aide à l’innovation (OSEO, CIR, JEI) sont assez dynamisants et compensent cette absence de flexibilité et ce climat hostile. Il faut reconnaître que bien utilisés, ils constituent de vrais atouts pour amorcer une start-up en encourageant l’aspect innovation (même si la recherche est privilégiée par rapport au développement).

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Mise à jour le Mardi, 11 Juin 2013 08:03  

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