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Télécoms, culture et géants du Net : le dialogue indispensable

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Pour ce dîner du mois d’octobre, le Club parlementaire du numérique a réussi la gageure de réunir trois acteurs d’une même chaîne de valeur qui ne se satisfont toujours pas du modus vivendi actuel : Yves le Mouël, le directeur général de la Fédération Française des Télécoms (FFT), Jean-Noël Tronc, directeur général de la Sacem et Giuseppe de Martino, secrétaire général de Dailymotion et président de l'Association des services Internet communautaires (ASIC).

Initié par le sénateur de la Vendée, Bruno Retailleau, le débat s’est rapidement orienté sur le partage de la chaîne de valeur numérique, chacun faisant état de ses arguments. Yves le Mouël a ouvert le bal, désireux de faire valoir la contribution des télécoms auprès de la culture, et a mis en avant une étude commandée au cabinet Roland Berger selon laquelle les opérateurs financeraient la culture à hauteur de 400 millions d’euros par an.

Une responsabilité saluée par Jean-Noël Tronc et qui a dénoncé dans la foulée celle non assumée des acteurs Other The Top (OTT), tels que Google, Apple, Facebook, Amazon. C’est une « véritable industrie de la rente », a insisté le patron de la Sacem. Il a ensuite dressé un panorama flatteur de l’industrie culturelle en France : 1,1 million d’emplois non-délocalisables, peu qualifiés, avec une création de valeur directe de 61 milliards d’euros. « C’est le cœur de l’avenir. »

Giuseppe de Martino jouait un rôle de funambule loin d’être évident puisqu’il représentait à la fois un OTT mais non pas un des GAFA qui bénéficie d’une situation quasi monopolistique. Le secrétaire-général de Dailymotion, la plateforme d’hébergement vidéo française, a plaidé dans un premier temps pour sa chapelle la plus proche, rappelant que sur 100 euros qu’il touche, il en renverse 50 à un ayant-droit et que sur l’autre moitié qu’il conserve, il doit s’acquitter de différents frais tels que la bande-passante et des sociétés de gestions collectives. « A chaque nouveau PLF, on cherche à nous taxer davantage. C’est comme demander à la marine à vapeur de financer la marine à voile. La France, c’est 15% de notre audience mais 100% de nos ennuis », a-t-il raillé.

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Le dialogue s’est davantage noué dans un second temps. Giuseppe de Martino a appelé de ses vœux l’établissement d’un cercle vertueux, grâce à des contenus riches et le soutien des opérateurs, tandis que Jean-Noël Tronc lui a fait remarquer qu’il devrait être le premier opposant à Google à s’élever contre son abus de position dominante. Réponse de l’intéressé : « Cela fait quatre ans qu’on demande à la Commission européenne de prendre des sanctions. » Après celui de la chaîne de valeur, un second sujet est donc venu se glisser dans le débat, celui de la régulation. Comme l’a fait remarquer Bruno Retailleau, les trois acteurs autour de la table se sont mis d’accord pour dénoncer l’attentisme de Bruxelles en matière de filière industrielle du numérique et ses règles trop consuméristes. Yves le Mouël a lui appelé à la mise en place d’un véritable « level playing field » fiscal bien qu’il ne fonde plus grand espoir sur la Commission.

Des remarques à répétition sur Bruxelles qui ont immédiatement fait réagir le député Julien Aubert (Vaucluse) puisqu’il s’est enquis des pouvoirs restant à la législation nationale. Jean-Noël Tronc a sauté sur l’occasion pour lui rappeler que c’était encore le Parlement français qui avait la main sur les politiques de quotas et que ceux-ci pouvaient tout à fait être employées à l’identique sur les plateformes de contenus Internet. Une suggestion qui n’a guère plu à Giuseppe de Martino, comparant cette pratique de régulation à des méthodes dictatoriales.

C’est ensuite Bruno Perrin du cabinet Ernst & Young qui a interpellé Yves le Mouël sur l’exploitation des données personnelles, qualifiant de « tas d’or » cette masse d’information jusqu’ici peu touchée par les opérateurs. L’intéressé a souligné la difficulté d’exploiter ces données sans rentrer dans la vie privée des gens mais a reconnu que les opérateurs n’avaient pas su comme les OTT en faire un usage complet.

En fin de soirée, la députée des Français établis en Europe du nord, Axelle Lemaire, a fait part de son envie de communiquer auprès de ses collègues sur des sujets qui, selon Giuseppe de Martino, n’intéressent pas encore suffisamment le législateur. Co-auteure récemment d’un rapport sur la stratégie numérique de l’Union européenne, la jeune élue avait également assisté la veille à une réunion de trois heures avec François Hollande consacrée aux seuls enjeux numériques.

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 Enfin, c’est Bruno Retailleau qui a conclu le débat. Selon lui, télécoms, culture et géants de l’Internet seront de plus en plus interdépendants. « On ne pourra pas réguler Internet comme on a régulé la télévision. Tout notre droit est basé sur la territorialité, une notion que nie l’Internet. » Il a prédit qu’à l’avenir, il faudrait régler le problème du partage de la valeur directement avec les OTT dont les sièges sociaux ne sont pas en France.

 

 

Mise à jour le Mercredi, 06 Novembre 2013 10:53  

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