Bruno Lasserre au Club parlementaire du numérique

Mardi, 28 Octobre 2014 10:27 Administrateur
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Le président de l’Autorité de la Concurrence s’est exprimé sur le marché des télécoms tout en précisant ses positions sur les différents rapprochements et convergences qui ont cours entre les opérateurs.

 

Bruno Retailleau, le président du Conseil général et sénateur de la Vendée, a sans tardé planté le décor et a rappelé les principaux enjeux de la concurrence au sein du secteur du numérique : régulation européenne, marché français des télécoms, rachat de SFR par Numéricable, accord d’itinérance entre Orange et Free. 

 

Bruno Lasserre s’est prêté volontiers à l’exercice et a d’emblée embrayer sur les décisions qu’auraient à prendre la future commissaire européenne à la Concurrence. « Elle va devoir faire face à des décisions importantes, notamment sur le dossier Google et sur les questions d’optimisation fiscale des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple). » Interrogé par Jean-Luc Archambault, le président de Lysios, sur ce premier dossier, le président de l’Autorité de la Concurrence ne croit pas qu’une procédure judiciaire rencontre beaucoup de succès : « il restera difficile de prouver pour la Commission que Google a établi on algorithme de manière à évincer ses concurrents sur son moteur de recherche. » Il a plutôt préconisé des négociations en vue d’améliorer les engagements du géant américain sur la question de la visibilité de la recherche.

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Bruno Lasserre s’est ensuite prononcé sur le marché français face à la tendance générale en Europe où plusieurs opérateurs télécoms ont déjà commencé à fusionner. « Trois, quatre acteurs, je n’ai pas de chiffre magique à donner. Il faut surtout que reste un acteur prêt à tailler des croupières aux autres, afin de conserver une concurrence animée, notamment sur le secteur du THD qui est un moteur de croissance. »

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Alors que l’autorité a rendu un avis favorable au rachat de l’opérateur mobile SFR par le câblo-opérateur Numericable, il a rappelé ses quatre conditions :

-                      - Prendre l’engagement d’ouvrir son réseau câblé à d’autres concurrents (Orange, Bouygues Télécom, Free, MVNO).

-                    - Céder le réseau cuivre de Completel (opérateur à destination des professionnels) à un opérateur capable d’animer la concurrence sur le marché.

-                      - Céder les activités de téléphonie mobile d’Outremer Telecom à la Réunion et à Mayotte

-                     - Prendre des dispositions afin qu’aucune information stratégique ne soit transmise à Vivendi, actionnaire à 20% du nouvel ensemble

 Luc Belot, le député du Maine-et-Loire, a alimenté la discussion aux cotés de Bruno Lasserre en l’interrogeant sur la prise en compte de l’innovation au sein du processus de décision de l’Autorité. « Nous ne sommes pas manichéens, a répondu le président. Nous sommes conscients qu’il faut à la fois de la concurrence pour maintenir des prix raisonnables et de la rentabilité aux opérateurs pour permettre l’investissement et l’innovation. Nous ne sommes pas une secte adorateur du dieu Concurrence », ajoute-t-il avec malice. Pour lui, l’Autorité garde en ligne de mire l’intérêt de la collectivité.

Bruno Lasserre a conclu son intervention sur un propos plus large autour du rôle de la concurrence : « lorsqu’une situation d’équilibre des acteurs économiques est rompue, cela entraîne des frottements et des coûts d’ajustement. Très souvent, les politiques sont plus sensibles à ces coûts d’ajustements qu’aux bénéfices à long terme. »

Mise à jour le Mercredi, 29 Octobre 2014 08:42