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« C’est un rapport volontariste dans ses propositions. »

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Rapport sur « la transformation numérique de l’économie française ».Entretien avec Philippe Lemoine.

Président du Forum d’Action Modernité et de la Fondation Internet nouvelle génération, il a remis aujourd'hui son rapport à Bercy. Un texte qui vise à faciliter l’adaptation des administrations et entreprises françaises aux bouleversements induits par la révolution numérique..

 

Comment s’est déroulée la concertation ? Vous avez beaucoup insisté pour rencontrer de nombreux acteurs (plus de 500)…

Oui, c’était un parti pris que de s’appuyer sur une large concertation afin de sortir d’un petit milieu trop souvent confiné où l’on retrouve les mêmes experts. Cette ouverture m’a permis de faire émerger des analyses et des propositions plus représentatives, issues de dirigeants d’entreprises, cadres, syndicalistes, etc.

Nous ne nous sommes pas non plus contentés d’auditions bilatérales. Nous avons diversifié les formats à travers des journées de co-construction, des petits-déjeuners, des soirées-débats, au format résolument orientés vers les propositions. 

 La transformation numérique de l’économie française, qu’est-ce que c’est ?

Le numérique, ce sont d’abord des outils que les personnes utilisent désormais quotidiennement et dont elles ne sauraient plus se passer, smartphone, site internet, etc. Mais pour les entreprises et les administrations, la transformation numérique ce n’est pas que cela, c’est l’intégration de ces technologies dans les organisations. C’est ce qui crée un faisceau de transformations structurelles qui fait évoluer les business models, en permettant d’offrir de nouveaux services, pour créer ou répondre aux aspirations des clients ou des usagers.

De plus en plus d’entreprises doivent intégrer le numérique afin de préserver leur compétitivité. Comment les y encourager ?

Les bouleversements induits par le numérique ont changé de nature. Auparavant, il s’agissait surtout d’avancées technologiques. Puis, sous l’impulsion des consommateurs eux-mêmes, la technologie a changé les usages. J’ai ainsi découvert durant toutes ces auditions le nombre d’innovations dans le cercle du B to B (business to business). Une pratique qui permet, même à de toutes petites entreprises d’améliorer leur organisation, leur accompagnement juridique, la comptabilité ou encore le contrôle de gestion. Ce sont des initiatives qu’il faut populariser et généraliser.

Des initiatives qui rendent la tonalité de votre rapport résolument positive…

Oui, le rapport dresse un constat optimiste de la situation et se veut très volontariste dans ses propositions. Il ne fait pas preuve d’angélisme pour autant : oui le numérique peut avoir des effets sur l’emploi ; oui, Internet est parfois une redoutable arme qui menace les libertés et qui ruine la confiance ; mais il est également un formidable accélérateur et transformateur des modèles économiques.

Mais on a aussi le sentiment que ce mouvement positif est masqué par nos entreprises de tête, les plus grandes, qui sont censés représenter la modernité mais ont exprimé des doutes sur la manière dont elle pouvait s’adapter au numérique. Il existe une vraie distorsion entre utilisateurs et entreprises. 60% des Français ont par exemple déjà commandé en ligne quand seulement 11% des entreprises ont vendu en ligne. Des événements récents ont accéléré la prise de conscience de la nécessité de saisir les opportunités de cette transformation numérique. On pense à la Redoute vendu pour un euro, ou au sondage faisant apparaître que 70% des Français se disent prêts à acheter leur billet de train sur Google alors que la SNCF a développé le premier site d’e-commerce français.

Vous présentez 9 projets, assortis de 53 mesures et de 118 recommandations. Pouvez-vous nous en détailler quelques-uns…

Sur l’emploi, on évalue que 50% des postes actuels vont disparaître. À côté de la formation, la mobilité professionnelle est dès lors un enjeu capital. Nous faisons deux propositions vis-à-vis de ce défi. D’abord la création d’un « emploi store » qui associerait une institution comme Pôle emploi avec des start ups afin de rendre plus accessibles l’offre et la demande d’emploi. Et également la proposition de développer la mobilité professionnelle via une plateforme transversale, entre les trois fonctions publiques.

Nous proposons ensuite de mettre en place un green button à la française, ce compteur qui permet d’observer sa consommation d’électricité par part de 10 minutes. Il y a déjà 42 millions de ménages aux USA qui l’utilisent. C’est ainsi que l’on apprend à réguler sa consommation. Il s’agit ainsi de coupler la transition énergétique avec la transformation numérique.

Enfin, je crois que le commerce de demain, ce n’est pas forcément le commerce 100% on-line mais plutôt un équilibre entre la technologie et l’humain. Ainsi le succès d’Apple est passé par celui des Apple store. Le livre pourrait être le départ d’une controffensive des secteurs traditionnels. Aux USA, Amazon a pris des parts de marché aux grandes chaînes mais peu aux libraires indépendantes reconnues pour leur qualité de service. Ce qui freine les libraires aujourd’hui, ce sont les contraintes logistiques, où les délais de commande sont souvent incompatibles avec les attentes.

Quel est le message de fond de votre rapport ?

Je crois qu’il y a bien une transformation numérique à laquelle il faut répondre de manière transversale car elle est très diversifiée. Cette transformation est plus porteuse d’opportunités que de risques. Maisle sujet de l’adaptation au numérique est tellement vaste que cela passe par l’apprentissage des règles du numérique. C’est une nouvelle grammaire qu’il convient de mettre en œuvre car elle permet de relier un principe de réalité et un principe d’utopie et d’audace. 

Mise à jour le Vendredi, 07 Novembre 2014 13:52  

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