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Home Telecom « Ce sont les défis technologiques qui attendent désormais le nouveau groupe Nokia. »

« Ce sont les défis technologiques qui attendent désormais le nouveau groupe Nokia. »

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Questions à Roland Montagne, Directeur et Principal Analyste à l’IDATE

Alcatel-Lucent et le finlandais Nokia, tous les deux équipementiers des télécoms et des réseaux, ont annoncé leur fusion. Quelles sont les synergies des deux côtés ? En quoi les deux groupes sont-ils complémentaires ?

On observe des complémentarités très nettes sur le plan technologique et des différents marchés.

D’un point de vue technologique d’abord, Alcatel-Lucent s’est recentré ces dernières années sur quelques piliers que sont le très haut-débit (THD) mobile et fixe, l’IP (Internet protocol), le « cloud-computing », et plus récemment, le Wireless. De son côté, Nokia, depuis qu’il a fusionné avec Siemens en 2006, s’est imposé comme l’un des champions du Wireless.

D’un point de vue géographique, le groupe finlandais  est d’abord centré sur l’Europe. Une situation qui s’expliquer largement part son histoire et son rapprochement avec Siemens. Le groupe est également très présent au Japon. En face, Alcatel-Lucent a un peu perdu pied en Europe mais s’est bien implanté aux États-Unis, mais aussi en Chine, car il ne faut pas oublier Alcatel Shanghai Bell (ASB), qui demeure une entreprise chinoise douée d’une belle force de frappe.

 Pour Alcatel-Lucent, la fusion était-elle devenue un passage obligé face à l’émergence d’acteurs comme Google, Apple, Intel ou Microsoft qui ont largement les moyens de monter leurs propres réseaux ?

Le premier passage obligé consistait surtout à recentrer sur un portfolio pertinent et d’assainir les finances. On se rappelle tous qu’Alcatel était au bord du gouffre quand Michel Combes a repris les rênes du groupe. Aujourd’hui, il a réussi à remettre le groupe sous tension.

Demeurait en effet le problème de la taille face à ses concurrents comme Ericsson ou le Chinois Huawei. Nokia est beaucoup plus riche qu’Alcatel grâce à la vente de ses terminaux mobiles à Microsoft et une capitalisation boursière supérieure. Michel Combes n’avait pas trop le choix. Malgré le terme de « fusion »,  c’est clairement une prise de pouvoir de Nokia sur Alcatel, avec le nom qui disparaît et une gouvernance clairement dominée par les exécutifs finlandais.

Cette fusion pose malgré tout un problème de souveraineté industrielle ? Si l’Europe se réjouit, la France doit elle se désoler ?

Alcatel-Lucent est un fleuron historique de l’industrie high-tech française. On peut s’attrister de le voir passer sous pavillon étranger mais encore une fois, je crois que Michel Combes n’avait guère le choix. Le groupe a de toute façon un ADN très international. Lorsque vous échangez avec Alcatel-Lucent, vous êtes très vite en contact avec des Chinois d’ASB, des Belges d’Anvers et des Américains basés en Caroline du Nord ou au Texas !

Le groupe atteint désormais une taille critique pour se défendre à l’échelle mondiale. Concrètement, qu’est-ce qui va changer pour cette nouvelle entité ?

Plusieurs défis industriels attendent le groupe. Le premier, c’est la route vers la 5G. Ils devront s’atteler à la nouvelle génération mobile et l’évolution de la performance de la 4G actuel. On nous promet d’ici peu une 4G améliorée à un Gigabit par seconde. La promesse de la 5G à l’horizon, nous emmène vers du 10 Gigabits par seconde. C’est un tournant clef pour l’Europe qui doit rester en pointe sur cette vague mobile.

Le challenge qui suit répond aux nouveaux impératifs des opérateurs sur fixe et mobile. Aujourd’hui, 80% des grands opérateurs dans le monde font état de cette convergence. La France en est un bon exemple.

Autre défi, l’IP dont la pénétration dans les réseaux est de plus en plus importante. Cela faisait déjà partie des axes clairement identifiés par Alcatel-Lucent.

Enfin, le dernier point concerne la virtualisation des réseaux par le Cloud. Même si l’agenda n’est pas clairement établi, le processus est lancé et inéluctable. Des parties du réseau devront être virtualisées et transférées dans le cloud pour favoriser une plus grande agilité à la fois technique mais aussi entre les opérateurs et leurs clients.

Le gouvernement et la Commission européenne peuvent-ils se mettre en travers de cette mégafusion ?

Compte tenu des complémentarités énoncées, je vois plutôt un sens logique à cette fusion. Le gouvernement français, si l’on en croit Michel Combes, a été informé de cette initiative. Il semble aujourd’hui l’approuver. Le calendrier nous laisse encore toute l’année 2015 pour observer les agréments de la Commission européenne. Mais je vois mal les autorités de la concurrence se mettre au travers d’une fusion qui a un certain sens industriel.

 

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