Fabrice Bakhouche, un dir’cab 2.0 à la Culture

Lundi, 16 Mars 2015 15:36 Administrateur
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Bakhouche Fabrice PARIS 30 Janv 2015 PHOTO Baron Jean-Pierre 31 

Après avoir été conseiller de Matteo Renzi, ce magistrat de la Cour des comptes est aujourd’hui à la tête du cabinet de Fleur Pellerin. Avec l’ambition de faire de la culture un vecteur d’égalité.

En terme d’architecture et d’arts décoratifs, le ministère de la Culture s’est toujours fait un devoir de marier le traditionnel et le contemporain à l’image du parquet en points de Hongrie et des toiles minimalistes ou des tables en plastique transparent et du service à café en porcelaine.  Fabrice Bakhouche a lui aussi sa touche conservatrice et moderne : un « techno » pur jus passé par l’ENA et Bercy mais qui a fait du numérique sa marque de fabrique. Ce grand mince au sourire humble se reconnaît surtout dans la nouvelle génération de hauts fonctionnaires « plus agiles, plus mobiles. »

Bien qu’ayant grandi à Montpellier, le jeune quadra n’est pas à des années-lumière de son milieu d’origine. Un arrière-grand-père républicain espagnol qui a participé à la rédaction de la Constitution de la IIe République, un grand-père juif algérien fonctionnaire aux impôts, un père médecin, une mère professeur : côté familial, l’atavisme service public est bien présent. Petit, il est surtout fasciné par les auteurs diplomates : Paul Claudel, Albert Cohen, Saint John Perse. Pour autant, réussir l’ENA n’avait rien d’évident : « A Montpellier, il a fallu se renseigner, on m’a parlé de Sciences Po. » Admis rue Saint-Guillaume, il rate l’ENA une première fois mais intègre le Quai d’Orsay. Déjà un premier rêve réalisé. Sa seconde tentative sera la bonne. Le jeune homme rencontre au sein de la promotion René Cassin celle qui deviendra sa femme, l’Italienne Claudia Ferrazzi. Après avoir été administratrice générale adjointe du Louvre, elle est nommée à la Villa Médicis en 2013. Le couple y emménagera avec ses deux filles. Aujourd’hui, il saute dès le week-end dans un avion pour leur ménager le peu de temps qui lui reste.

À l’issue de l’ENA, Fabrice Bakhouche sort dans la botte et choisit la Cour des comptes. Le retour au ministère des Affaires étrangères lui semble désormais incompatible avec sa vie de famille et l’institution de la rue Cambon lui plaît : « elle joue son rôle pour améliorer l’efficacité de la dépense publique et aujourd’hui, ça reste un des sujets majeurs. » Le jeune énarque a compris où sont les enjeux de son temps et décide de vivre l’expérience de Bercy pour gagner en compétence et légitimité. Il passe alors quatre ans au sein de l’Agence des Participations de l’État sur le secteur ferroviaire puis des services.

En 2011, son choix s’avère payant puisque Emmanuel Hoog, le PDG de l’AFP, le recrute comme directeur général adjoint. En charge notamment de la modernisation financière, du développement international  et du numérique, Fabrice Bakhouche se retrouve à 36 ans à la tête d’un poste qui lui sied comme un gant. « C’était un super poste, avec de grosses responsabilités. L’AFP, c’est une entreprise présente partout dans le monde, 2 500 personnes et 300 millions de chiffre d’affaires. »

Avec l’arrivée de François Hollande au pouvoir, Fabrice Bakhouche, dont les sympathies sont connues, est nommé à Matignon en qualité de conseiller médias et numérique. Notre homme se passe une main dans une barbe légère qui vient manger ses joues. « Ce fut une période compliquée. On a dû tailler dans le budget des établissements culturels et de l’audiovisuel public et, évidemment, ça passait très mal. »

Alors que son épouse est nommée à la Villa Médicis, il décide de la rejoindre en cherchant un poste de conseiller auprès du Gouvernement italien. Quand l’accord est trouvé, c’est finalement Matteo Renzi, tout juste élu, qu’il conseillera sur l’innovation et le financement des PME. Fabrice Bakhouche est séduit : « il a la jeunesse, l’énergie, il peut faire bouger l’Italie en profondeur. D’ailleurs, les Italiens ont conscience que c’est un peu la dernière chance politique du pays. »

L’expérience arrivant à son terme en novembre dernier, Fleur Pellerin, une amie de longue date rencontrée à Science Po puis retrouvée à la Cour des comptes, lui propose la direction de son cabinet au ministère de la Culture. Le nouveau dir’cab se sent à sa place : « je n’ai pas peur de dire que même en tant que haut fonctionnaire, je fais de la politique. La culture a un rôle à jouer. Pour donner une chance à tous, il ne s’agit pas simplement de faire de la redistribution par les transferts sociaux mais aussi par la culture », conclut-il. Cette fois, Fabrice Bakhouche aura une politique plus gratifiante à mener.

Portrait tiré de la Lettre du Pouvoir

Mise à jour le Lundi, 16 Mars 2015 17:25