« Nous sommes des acteurs incontournables de « l’écosystème » des télécommunications en France. »

Vendredi, 29 Mars 2013 10:43 Administrateur
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Entretien avec Etienne Dugas, Président de la FIRIP (Fédération des Industriels des Réseaux d’Initiative Publique)

Pouvez-vous d’abord nous présenter votre toute jeune fédération ?

La Fédération est constituée depuis le 6 décembre 2012, elle regroupe aujourd’hui 35 membres représentants plus de 12000 salariés, pour un chiffre d’affaire 2012 qui dépasse les 1,5 milliards d’euros, dont une partie est directement issu des Réseaux d’Initiative Public (RIP).

Notre fédération a pour but d’accueillir, les industriels qui interviennent à un moment ou à un autre sur la « chaine de valeur » que constitue un RIP, cela va donc de l’assistant à maitrise d’ouvrage en passant par les intégrateurs, les opérateurs d’opérateurs ou les opérateurs locaux de service.

 Notre objectif est à la fois, de défendre et promouvoir notre filière qui existe depuis environ dix ans, et de permettre aussi le déploiement du très haut débit par des entreprises performantes, le plus souvent locales, générant des emplois non délocalisables, tout en développant l’écosystème qui crée de la valeur pour les territoires.

Vous avez-été consulté par la Mission THD qui a proposé au Gouvernement une feuille de route. Êtes-vous satisfait de ce plan ?

Oui et nous avons d’ailleurs participé à la table ronde ministérielle du 13 février dernier, où je suis intervenu pour défendre notre analyse sur celle-ci, qui nous semble allez dans le bon sens.

Pour nous  il faut mettre l’accent sur les sujets suivants :

Affirmer la priorité du FTTH/FTTO.

Engager, en, mode opérationnelle le programme dénommé désormais « France très haut débit ».

S’appuyer sur des référentiels communs uniques, en harmonisant les travaux de (RFC/Objectif fibre/Interop).

Garantir et confirmer les engagements financier de l’Etat, car pour nous industriels il nous faut de la visibilité.

Considérer les technologies de montée en débit, comme complémentaires, mais garantir la substituabilité à moyen terme par le FTTH/FTTO.

Et enfin définir un calendrier d’extinction du cuivre, d’ailleurs sur ce point nous sommes candidats pour porter au sein de la FIRIP des expérimentations sur des RIP opérés par des membres de la FIRIP, opérateur d’opérateurs pour, en complément de ce qui ce passe à Palaiseau, diversifier le processus.

L’ensemble des points que je viens d’évoquer a fait l’objet d’une intervention à l’occasion de mon audition avec notre Délégué Général Jean-Christophe NGUYEN VAN SANG le 12 mars dernier au Sénat par la Commission des Affaires Economiques, en ouverture de ses travaux  sur la feuille de route.

La substitution du cuivre par la fibre est désormais programmée. Pourquoi est-ce une bonne chose ?

Il faut, comme pour le passage de la télévision analogique au numérique, fixer un calendrier et une méthode, même si la comparaison, pour des aspects techniques évidents, s’arrête là.

Il n’est pas possible sur un plan économique, financier et aussi en terme de développement des services et en terme de compétences et d’effectifs  de laisser coexister les deux réseaux, cela est une question de bon sens.

Nous voyons bien aujourd’hui que là où le haut débit sur cuivre est de bonne qualité, grâce d’ailleurs à un réseau bien construit, mais fait pour le téléphone, l’appétence pour la fibre est difficile.

Il est donc important d’accompagner ce basculement en aidant à la migration des réseaux dégroupés vers la fibre. Cela est vrai pour les opérateurs privés mais aussi pour les RIP de première génération qu’il ne faut pas déstabiliser.

Vous venez de présenter une étude qui permet de mieux connaitre le périmètre des industriels des RIP, pouvez-vous nous en présenter les grandes lignes ?

Cette étude confiée à l’IDATE, est importante, car elle donne pour la première fois un aperçu du champ d’intervention et de la création de valeur des industriels concernés grâce aux RIP. Nous avons identifié plus de 120 entreprises pertinentes, intervenant sur les RIP, avec une antériorité de plus de 6 ans, un chiffre d’affaires de plus de 25 % réalisé sur les RIP, et montant à plus de 80% pour les opérateurs d’opérateurs.

Nous avons surtout aussi interrogé le secteur des opérateurs locaux qui grâce aux RIP sont pour certains devenus nationaux, avec plus de 22 réponses. Ce secteur de la filière n’existait pas avant l’avènement des RIP.

Les points marquants sont aussi le chiffre d’affaires consolidé annuel, pour 2012 cela représente plus de 1,1 milliard d’euros, avec une augmentation significative sur les trois ans à venir.

Cette étude qui est en ligne sur notre site démontre donc que notre filière est à la fois mature mais surtout que nous sommes des acteurs incontournables de « l’écosystème » des télécommunications  en France.

Comment voyez-vous l’avenir avec « France Très Haut Débit » ?

Notre observatoire qui doit devenir pérenne, car il s’agit d’un bonne indicateur sur la santé de notre filière, montre un optimisme certain mais raisonné des industriels.

Il faut donc transformer « l’essai ». Pour cela il faut un établissement public aux compétences claires et fortes et au rôle affirmé au sein de l’Etat avec une répartition identifiée des taches vis-à-vis du régulateur. A lui de conduire la politique que fixe et porte le gouvernement pour le THD, au régulateur qui le fait remarquablement bien au demeurant qui est légitimite, de réguler le secteur.

Ce plan doit nous donne de la visibilité, nous sommes prêts à nous y investir, à procéder aux recrutements, à participer à la constitution d’une véritable filière de formation, mais pour cela il nous faut garantir sur le moyen et long terme les engagements de l’Etat et les règles du jeu.

Propos recueillis par Joseph d’Arrast