Fréquences: « Favoriser le partage des bandes actuelles. »

Jeudi, 19 Décembre 2013 13:56 Administrateur
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Questions à Joëlle Toledano, professeure des universités, en charge de la mission "sur les contours de la politique du spectre en faveur de l’innovation et de la croissance" confiée par Fleur Pellerin. Ses conclusions sont attendus au printemps.

Pourquoi est-il nécessaire d’optimiser l’utilisation des fréquences. De quel constat êtes-vous parti ?

La croissance du trafic sur les réseaux mobiles fait aujourd’hui consensus. Des analystes considèrent qu’il pourrait être multiplié par plus de 20 entre 2012 et 2017, la plupart estiment cette croissance supérieure à 50% par an. Elle est principalement due au développement des usages, en particulier vidéo, en mobilité (smartphones, tablettes, ordinateurs…) que ce soit sur les réseaux 3G/4G ou en Wi-Fi. Par ailleurs de nouveaux services sont en train d’émerger: les objets connectés, la m-santé, les véhicules connectés, les villes intelligentes seront demain notre quotidien.

Pour répondre à ces besoins, la quantité de spectre actuellement disponible dans les bandes facilement exploitables n’est pas suffisante. Face à cette pénurie, les entreprises et les industriels cherchent à accroître l’efficacité spectrale des technologies déployées dans les réseaux (par exemple, passage de la 3G à la 4G en téléphonie, du DVB-T au DVB-T2 en TNT…).

L’Etat, quant à lui, doit accompagner ces évolutions selon deux axes : premièrement libérer de nouvelles bandes de fréquences, mais cet exercice a des limites et va s’avérer de plus en coûteux et long. Deuxièmement, chercher à mieux utiliser le spectre en favorisant le partage des bandes actuellement occupées. C’est précisément sur cet aspect que Mme Fleur Pellerin, Ministre déléguée chargée des PME, de l’Innovation et de l’Economie numérique, m’a demandé de réfléchir et de faire des propositions. 

 

Comment favorise-t-on l’innovation et la croissance grâce aux fréquences ?

Face aux nouveaux marchés il ne faut pas que la rareté des fréquences constitue une barrière à l’entrée. L’extraordinaire succès du Wi-Fi qui s’appuie sur des bandes de fréquences normalisées et ouvertes à tous et par lequel transite aujourd’hui près de la moitié du trafic de données en atteste. Une part significative des PME du numérique recourent au spectre ouvert pour leur activité. Nous avons déjà auditionné certaines d’entre elles comme Parrot, Sigfox, Eblink, Infosat… Par ailleurs, le partage dynamique du spectre, qui tient compte de l’utilisation effective des fréquences, nécessite la mise au point de technologies avancées, elles-mêmes susceptibles de créer de nouvelles activités, pour lesquelles la France dispose d’atouts indéniables.

Mon objectif est de faciliter le partage de bandes de fréquences utiles pour ces entreprises innovantes.

Vous avez pour objectif « d’identifier de nouvelles bandes de fréquences » et de « proposer une boîte à outils de gestion innovante du spectre ». Quelles sont vos premières pistes ?

Des travaux d’identification sont menés aux niveaux européen et mondial. Le spectre est une matière éminemment internationale qui nécessite à la fois de la coordination aux frontières et de l’harmonisation pour éviter les interférences et pouvoir utiliser les mêmes équipements partout dans le monde. Chaque pays a aussi ses spécificités et c’est bien sûr le cas de la France. Il faut marier les deux approches en s’inspirant d’expérimentations qui ont fait leurs preuves dans le plus grand respect des utilisateurs actuels.

Comment allez-vous travailler, quelles seront vos méthodes ?

Classiquement, la Mission conduit des auditions des acteurs économiques et institutionnels concernés qui nous apportent un éclairage sur leurs besoins et leurs contraintes. Nous en avons conduit déjà plus de 35 ! Le site Internet de la Mission est consultable sur http://mission-spectre2014.fr, vous y trouverez toutes les informations concernant la Mission, notamment la liste des auditions effectuées, ainsi que les contacts utiles, pour en particulier proposer une contribution.

Le calendrier qui vous a été fixé par la ministre peut paraître relativement court. Êtes-vous confiante ?

Oui.La mission a débuté début octobre. Le rapport final sera remis à la Ministre au printemps. 

Mise à jour le Mercredi, 19 Février 2014 10:56