Concourir au développement numérique de la France

Jeudi, 18 Octobre 2012 12:20 Administrateur
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Rencontre avec Bruno Meyer, directeur général d’Arteria

Comment est née votre entreprise ? Que représente Arteria aujourd’hui ?

Arteria est un opérateur télécoms qui commercialise des fibres optiques et loue des points hauts. Les fibres optiques ou les points hauts sont installés sur le réseau électrique de transport de RTE (Réseau de Transport d’Electricité). Concernant les fibres optiques, elles ont été déployées par RTE sur ses lignes électriques (lignes aériennes ou souterraines) pour ses besoins propres.

En 2001 le gouvernement voyait en RTE un acteur important pour réduire la fracture numérique en France. Après un comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire (CIADT), il est proposé que le réseau de RTE soit rentabilisé auprès des acteurs télécoms. Et ce d’une part en mettant à disposition de la fibre optique et d’autre part en donnant la possibilité d’installer des antennes de téléphonie mobile sur des pylônes (points hauts).

En février 2002, c’est la naissance d’Arteria, répertoriée comme opérateur télécom par l’ARCEP.

Cette société emploie actuellement une dizaine de salariés pour un chiffre d’affaire de 7,5 millions d’euros.

 Après dix ans d’existence, le constat est qu’Arteria a contribué à réduire la fracture numérique en France. L’entreprise poursuit sa mission avec succès en couvrant l’ensemble du territoire national (France métropolitaine, Corse et DOM). Ainsi Arteria a aujourd’hui des clients en France métropolitaine, en Corse, à La Réunion et en Guyane.

Quelles sont les technologies qui vous exploitez ? Quelle est la valeur ajoutée d’Arteria ?

Pour la fibre optique en ligne aérienne, nous utilisons deux techniques. Soit la fibre est insérée dans la ligne elle-même, soit elle est enroulée autour des lignes. Dans les deux cas, l’avantage des fibres optiques associées aux lignes aériennes, c’est que l’on évite les inconvénients liés aux fibres enterrées en génie civil : on ne risque pas un coup de pelleteuse qui les endommagerait !

Une autre possibilité est d’associer les fibres optiques aux lignes souterraines de RTE. Dans ce cas, des fourreaux télécoms sont placés proches des câbles électriques, à quelques dizaines de centimètres du sol. Des fibres optiques sont ensuite insérées dans ces fourreaux en toute sécurité.

Pour les points hauts, nous installons des antennes (3G, WiFi, 4G,…) pour les opérateurs de téléphonie mobile.

Que ce soit pour les points hauts ou la fibre optique, la valeur ajoutée d’Arteria réside dans le fait que dans l’Hexagone, le réseau valorisé a comme objet premier d’être utilisé par RTE. Ce réseau est d’ailleurs la propriété de RTE. Dans le cas des fibres optiques notamment, le réseau fait l’objet d’une maintenance préventive de haut niveau. Et si jamais il y avait un dommage, RTE aura besoin de réparer au plus vite l’avarie car la sécurité du système électrique en dépend. Nous marchons donc main dans la main avec RTE, ce qui est une garantie supplémentaire pour le client.

Un autre avantage que nous avons est la rapidité avec laquelle nous pouvons mettre en place une installation. Si un client souhaite utiliser des fibres optiques existantes, les délais sont très courts : en quelques semaines le raccordement au client pourra être livré. Et si le client souhaite ajouter des fibres optiques sur des réseaux électriques non fibrés, des dispositifs extrêmement performants peuvent être mis en œuvre, grâce à un robot qui tourne autour de la ligne et peut déployer plus d’une dizaine de kilomètre de fibres en une semaine (une animation est visible sur notre site, www.arteria.fr).

Comment vous situez-vous vis-à-vis des opérateurs qui posent eux-mêmes leur fibre ? S’agit-il de concurrents directs ou pensez-vous que vous apportez davantage une complémentarité?

Je dirais que l’on est complémentaire. Notre très grand maillage nous permet de proposer une utilisation de fibres optiques sur l’ensemble du territoire. Soulignons que le réseau que nous proposons est pour l’essentiel un réseau de collecte et non de desserte, c’est-à-dire que nous nous concentrons sur les grands axes.

Nous avons donc été rapidement sollicités car nos services sont avantageux pour les opérateurs. Non seulement nous mettons de la fibre à disposition, mais nous assurons une maintenance 24h/24 7j/7. Aujourd’hui, nous recensons quatre catégories de clients : les opérateurs télécoms, les collectivités territoriales, les réseaux de la recherche et les « opérateurs d’opérateurs » qui répondent à des appels d’offres pour des délégations de service public.

Nous commercialisons désormais 30 000 km de paires de fibres, sur un réseau potentiel de 600 000 km de paires. Nous avons donc une grande marge de développement.

Le gouvernement ayant fait du développement de la fibre l’une de ses priorités, vous bénéficiez là d’une demande soutenue. Comment se porte le secteur ? Les opérateurs qui viennent vous voir ne craignent-ils pas une certaine dépendance ?

Non, car les opérateurs qui ont besoin de se développer nous voient comme un réseau de collecte de base qui leur permet de bâtir leur offre à partir de briques nécessaires à leur modèle d’affaires. Selon nos contrats, ils ont la certitude d’avoir un réseau qui est mis à disposition pour des durées de 15 ans ou plus. Rien ne les empêche d’investir par ailleurs. Je crois que c’est la grande qualité de notre service (volume d’infrastructures disponibles, vitesse de mise en œuvre, qualité de la maintenance et offre commerciale) qui fait que tous ces opérateurs viennent font appel à nous.

Il est vrai qu’il y a une très forte volonté politique du gouvernement et l’investissement prévu de quelque 25 milliards d’euros sur une dizaine d’années est d’ordre à encourager les collectivités territoriales à investir. On sent qu’il y a un pouvoir politique qui demande aux instances de se mettre en ordre de bataille.

Pourtant les collectivités sont encore dans l’expectative de la libération du budget: elles attendent de voir la couleur de cet argent, ce qui est normal. Même si je me serais attendu à davantage de demande, le secteur est tout de même en croissance.

Pensez-vous que les infrastructures existantes sont suffisantes au regard des objectifs du gouvernement ? Serez-vous en mesure de répondre à la demande exponentielle qui s’annonce ?

A l’heure actuelle, les infrastructures sont bien évidemment insuffisantes, surtout si on veut arriver au FTTH sur l’ensemble du territoire. Il y a des zones qui nécessiteront davantage d’investissements, y compris en réseau de collecte. Avec notre potentiel de déploiement nous somme sommes  en mesure de relever le défi, y compris en desservant les zones blanches non couvertes en haut ou très haut débit. Arteria peut donc durablement concourir au développement numérique de la France.

Propos receuillis par Joseph d'Arrast

Mise à jour le Mardi, 23 Octobre 2012 08:19