« Concevoir un modèle économique durable »

Mercredi, 31 Octobre 2012 17:01 Administrateur
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Questions à Olivier Esper, directeur de Google Public Policy


En dehors de l’aspect financier, quel danger représenterait cette loi pour Google ?

Ce projet porté par les éditeurs de presse s’il faisait l’objet d’une proposition législative serait néfaste à la fois pour les internautes, les innovateurs et les éditeurs eux-mêmes. Une telle loi limiterait l’accès à l’information en ligne, le trafic vers les sites des éditeurs de presse et découragerait ceux qui souhaitent innover en créant de nouveaux services en ligne.

Google préfère privilégier la collaboration entre le secteur de la technologie et celui des éditeurs de presse pour concevoir des modèles économiques durables et de nouveaux services au bénéfice des consommateurs. Nous travaillons déjà en collaboration avec des éditeurs en France et dans le monde sur différents produits et fonctionnalités en ligne, et continuerons de le faire.

Google Actu retire un bénéfice non négligeable des sites d’information. Selon vos détracteurs, c’est un bénéfice qui justifierait une certaine rétribution. Comment vous positionnez-vous vis-à-vis de ces sites?

Google Actualités est un service qui n’affiche pas de publicité et qui n’a pas de vocation commerciale. Comme c’est le cas pour le référencement sur Google, les éditeurs de presse peuvent choisir, au départ et à tout moment, d'apparaître ou non, dans les résultats de recherche. En utilisant un format web standard largement accepté, ces sites peuvent indiquer aux moteurs de recherche,  Google et les autres, s'ils souhaitent ou non être référencés.

Toutefois, ce que nous pouvons observer c’est qu’un grand nombre de sites tirent des bénéfices significatifs en apparaissant dans Google News, en les rendant plus visible sur Internet et leur apportant une part importante de leur trafic. Chaque mois, nous redirigeons 4 milliards de clics dans le monde vers les sites des éditeurs de presse : 1 milliard de clics provient de Google News et les 3 milliards restant viennent de nos autres services comme le moteur de recherche ou iGoogle. Cela représente environ 100 000 opportunités commerciales que nous fournissons chaque minute aux éditeurs de presse.

Par ailleurs, grâce à notre programme AdSense, nous avons reversé 6,5 milliards de dollars aux éditeurs du monde entier l’année dernière et nous poursuivons notre collaboration sur un certain nombre de produits destinés à augmenter le trafic, les engagements et la monétisation des sites d'information.

Laurent Joffrin juge qu’Internet est responsable des défaillances du modèle économique de la presse et que c’est maintenant son tour, donc votre tour, de payer. Que lui répondez-vous ?

Nous sommes conscients que l’industrie de la presse fait face à de nombreux défis. Hal Varian, économiste chez Google a tenté d’identifier les raisons pour lesquelles la presse aux Etats-Unis était en proie à ces difficultés depuis plusieurs décennies. Parmi ces raisons, figurait la difficile transition de la presse papier vers la presse en ligne. Toutefois, en joignant nos efforts et en collaborant, nous sommes persuadés que de nouveaux modèles économiques et de nouveaux flux de revenus peuvent émerger, et c’est déjà le cas.

Plutôt que de créer une nouvelle taxe, nous sommes convaincus que la voie à suivre passe par le renforcement de partenariats et le développement d’expériences et d’outils. Nous restons désireux de travailler à la fois avec le gouvernement français et les éditeurs, afin de discuter des besoins de ces derniers et d’imaginer ensemble de nouveaux moyens de rémunération.

Certains soulignent le fait qu’en désindexant des sites du moteur de recherche Google vous remettrez en cause la neutralité du net qui est pourtant un de vos cheval de bataille… Cette remarque est-elle justifiée, selon vous ?

Il ne s’agit pas là d’une question de neutralité du net. Les utilisateurs disposent de nombreux moyens pour accéder au contenu des éditeurs de presse, à la fois en ligne et hors ligne, en particulier en allant tout simplement directement sur les sites des éditeurs de presse.

Ces derniers ont toujours eu la possibilité de décider ou non de rendre leur contenu disponible via les moteurs de recherche et/ou Google Actualités.

Propos recueillis par Joseph d’Arrast

Mise à jour le Lundi, 05 Novembre 2012 08:30