« On est en train d’ouvrir un marché à trois millions de consommateurs. »

Mercredi, 16 Janvier 2013 16:03 Administrateur
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Questions à Gwenegan Bui, député du Finistère (SRC) et responsable du projet « Bretagne Très-Haut-Débit » au Conseil régional de Bretagne

 

Pourquoi avoir lancé le projet « Bretagne Très-Haut-Débit » ? Quelles étaient vos motivations ? 

Ce sont des motivations d’ordre géographique, économiques et techniques. D’abord géographiques car nous sommes une région périphérique. On s’est battu pour avoir des routes à quatre voies, on se bat encore pour avoir le TGV, il était donc naturel qu’au moment du déploiement de la fibre optique porté par le précédent gouvernement, nous nous interrogions sur la faisabilité en Bretagne. 

De fait, on s’est rapidement aperçu que les opérateurs privés s’engageaient à couvrir 60% de la population française mais que cela tombait à 40% en Bretagne, et, en terme de territoire, à 10%. 90% du territoire breton était donc exclu de cette technologie !

 Nous avons alors compris que les opérateurs privés n’allaient pas faire le travail pour nous et que nous serions victime d’une nouvelle distorsion de concurrence entre les métropoles et le reste des territoires. Départements, agglomérations, communautés de communes, se sont mobilisés pour essayer de trouver les conditions du déploiement de la fibre optique pour tous en Bretagne.

Pourquoi ne pas avoir attendu la dotation financière du Fond d’Aménagement Numérique du Territoire ?

Déjà le FANT n’est pas encore monté. Ensuite, il était inenvisageable pour nous de rester à la remorque.

En Bretagne, nous avons une ville moyenne tous les cinquante kilomètres, c’est ce qui fait notre force. Ces villes n’auraient pas été fibrées, ce qui n’aurait pas manqué de créer un appel d’air vidant les villes moyennes en direction des métropoles.

Il fallait réagir au plus vite, on n’allait pas attendre que le FANT se monte. On a donc agit dans le cadre législatif qui nous était imposé. Parce qu’il n’y avait qu’une enveloppe mise à disposition, le grand emprunt. Nous avons répondu à l’appel à la concurrence et avons obtenu 66 millions d’euros.

Pour un projet qui représente quelle somme ?

Le projet est de 1,1 milliards d’euros. Le premier plan quinquennal que nous allons initier l’an prochain sera déjà de 400 millions d’euros.

On est en train de regarder comment déployer la fibre dans douze villes moyennes, ce qui fait 85 000 prises en ville et autant en zone rurale, en plus des 2000 points de contacts nécessaires pour acheminer la fibre le plus rapidement possible sur les zones stratégiques.

Notre objectif, d’amener la fibre partout et pour tous en Bretagne, s’étale ainsi  sur quinze à vingt ans.

Nous sommes le seul projet de cette envergure en Europe reconnu par l’ARCEP. On s’adresse à trois millions de personnes. Pour les investisseurs, on ouvre donc un marché à trois millions de consommateurs.

Vous êtes-vous inspiré d’autres modèles de Réseaux d’Initiatives Publics ?

Non. Nous sommes un modèle unique aujourd’hui car nous avons un syndicat mixte qui rassemble l’ensemble des collectivités de Bretagne : e-mégalis. Il est désormais chargé du développement des infrastructures numériques en Bretagne.

Comment s’est déroulé le projet ? Quelles difficultés avez-vous rencontrés ?

L’articulation avec les opérateurs privés est délicate. Il a fallu sécuriser les territoires qui sont sous maîtrise d’ouvrage privé et puis nous avons engagé une négociation avec les opérateurs privés pour que nos réseaux (publics) soient cohérents avec les réseaux privés. Il a fallu créer les conditions pour avoir une convention nous liant avec les opérateurs privés, Orange dans notre cas, pour mettre en place le dispositif. Ca n’a pas été simple. L’absence de dialogue m’a surpris.

Où en est le projet à l’heure actuelle ?

Aujourd’hui (17 janvier) a lieu la mise en place du bureau officiel d’e-mégalis. On a plus de 35 EPCI de Bretagne qui sont dans une phase de territorialisation (les prises sont installées). Si ces premières installations leurs conviennent, nous lancerons des appels d’offres pour travaux sur le premier semestre.

Propos recueillis par Joseph d’Arrast

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Mise à jour le Mardi, 29 Janvier 2013 17:36