« Paris Capitale Numérique » visera à « être un étendard du numérique »

Jeudi, 21 Mars 2013 15:49 Administrateur
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Entretien avec Catherine Mayenobe, Directrice de la mission de préfiguration « Paris Capitale Numérique »

Pourquoi cet espace dédié ? Que met-on dans un « quartier numérique » ?

A l’issue du conseil des ministres du 10 octobre 2012, le Gouvernement a manifesté sa volonté d’accroître significativement l’attractivité internationale de la France dans le secteur des nouvelles technologies de l’information et de la communication, secteur communément appelé « Numérique » ou encore « Digital » depuis quelques années, et dans lequel le pays excelle.

La création d’un nouveau quartier dédié au numérique, à Paris ou proche banlieue, permettra de matérialiser cette ambition. Elaboré en concertation avec les élus franciliens et en soutien des différentes initiatives publiques et privées qui auront été identifiées, ce quartier constituera une vitrine de rang mondial et favorisera l’innovation tout en permettant de fédérer l’ensemble des acteurs de la filière (Startups, grands groupes, organismes de recherche et d’enseignement, investisseurs, incubateurs, créateurs…)

Il aura ainsi vocation à offrir des conditions optimales pour les acteurs du secteur :

Des infrastructures réseaux TTHD (Très Très Haut Débit) de pointe, fixes et mobiles, permettant de prototyper et de tester des services inédits.

Des conditions d’hébergement adéquates aux besoins des entreprises du secteur en termes notamment d’aménagements, de coût, de flexibilité locative…

Des équipements mutualisés performants (Salles de visioconférences et de téléprésence, espaces de coworking, FabLabs, télécentres…)

Un écosystème d’acteurs favorable à la fertilisation des projets et des compétences : universités, centres de Recherche & Développement, startups et grandes entreprises, industriels, investisseurs, incubateurs…

Ce projet de « quartiers numériques » fait partie des 18 mesures retenues par la feuille de route gouvernementale présentée le 28 février dernier par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. La vitrine en région parisienne sera déclinée en régions pour accompagner l’émergence de 15 territoires d’excellence en matière d’innovation et de compétitivité des entreprises du secteur numérique. Il sera accompagné d’un programme exemplaire visant à détecter et accompagner en les valorisant des entreprises à potentiel mondial, et se mettre ainsi en capacité collectivement de faire émerger chaque année un leader français du numérique de la trempe de Criteo, Talend ou Sequans. Ce programme servira également de levier pour le développement de filières numériques stratégiques d’avenir : Big Data, Objets connectés, Low Power Computing (ARM)…"

Paris est pourtant loin d’être une zone vierge en matière d’innovation numérique. La capitale et ses environs comptent déjà deux pôles de compétitivité (Cap Digital et Systematic). Pourquoi créer une zone supplémentaire ?

Pour reprendre les termes de la Ministre Fleur Pellerin dans son interview donnée au journal « Libération » le 6 mars dernier , le quartier « Paris Capitale Numérique » visera à « être un étendard du numérique ». En ce sens, il agira comme un amplificateur des initiatives déjà existantes ; sa vocation sera de fédérer des moyens et des outils pour viser des objectifs communs, comme celui d’atteindre une meilleure visibilité à l’international, une plus grande capacité à faire émerger des « champions » du numérique français… . Ce projet se construit donc en étroite association avec les acteurs de la place, à commencer par la Ville et la Région qui sont des acteurs majeurs du numérique ainsi qu’avec les deux pôles de compétitivité Cap Digital et Systematic qui sont au cœur des écosystèmes numériques franciliens.

Fleur Pellerin a lancé une consultation publique afin d’associer les futurs acteurs du projet à son élaboration. Pourquoi ce besoin participatif ?

Sans pouvoir répondre à la place de la Ministre sur ce sujet, je peux dire que pour la mission de préfiguration qui a été confiée à la Caisse des Dépôts, cette consultation est à la base de notre démarche qui vise à partir des besoins prioritaires et des attentes de tous acteurs du secteur, français comme étrangers, auxquels ce projet s’adresse et qu’il vise à servir au mieux.

En plus de la consultation, quels sont vos autres outils de travail ? Regardez-vous des modèles étrangers tels que la Tech City dans l’est londonien ?

Pour mener à bien nos travaux, nous nous appuyons en effet sur des benchmarks internationaux avec l’objectif d’identifier les meilleures pratiques internationales et être compétitifs face aux autres pays. Nous étudions en particuliers les cas de Londres, Berlin, Tel-Aviv, Shanghai, Tokyo, Los Angeles/San Francisco, Austin (où vient de s’achever la 26è édition du Festival SXSW), NYC et Stockholm. Nous nous appuyons dans ce domaine sur les études existantes mais également sur les représentations françaises à l’étranger.

Nous mobilisons par ailleurs l’ensemble des expertises du groupe Caisse des dépôts en termes d’ingénierie territoriale, d’immobilier et du numérique…et sur sa capacité unique à fédérer acteurs publics et privés sur ces sujets innovants et complexes, pour rassembler l’ensemble des meilleures expertises, celles qui sont nécessaires à la définition et au développement d’un tel projet.

Enfin, une mission a été confiée en parallèle à Tariq Krim par la Ministre Fleur Pellerin pour réaliser « un talent mapping » et identifier les entreprises et nouvelles filières à fort potentiel mondial.

Quel est le calendrier du projet ?

La première étape de la Mission de Préfiguration s’est déroulée de janvier à février 2013 et a conduit à formuler une première série de recommandations sur la base desquelles a été rédigée la mesure n°6 de la feuille de route gouvernementale pour le numérique. Une deuxième étape a débuté en mars qui devra aboutir d’ici fin juin à la rédaction d’un rapport pour l’Etat.

               Propos recueillis par Joseph d’Arrast

Mise à jour le Jeudi, 21 Mars 2013 15:58