Politique numérique des pouvoirs publics : questions à Gérald Karsenti, PDG de HP France Avec la nomination d’Axelle Lemaire, nous avons désormais un secrétariat d’Etat au numérique et non plus à l’économie numérique. Cette nuance vous parait-elle aller dans le bon sens ? Le numérique est un secteur à très forte croissance pour l’économie française et générateur d’emplois. C’est cela qui compte, plus que le titre. Le numérique peut aider les start-ups à passer les phases de croissance sans encombre, aider les PME en leur fournissant des services « cloud » qu’elles attendent pour disposer d’un système d’information flexible dont elles ne soient pas prisonnières, générer de nouvelles opportunités de développement, comme celles du Big Data ou de la sécurité des données et des réseaux. Il faut également s’attaquer aux projets de mobilité pour donner aux utilisateurs, aux salariés, aux consommateurs les outils et les applications nécessaires à leurs activités. Il faut aussi comprendre que l’enjeu du numérique est certes dans l’innovation, c’est même la clé du succès, mais aussi dans les services qui gravitent autour. Il ne faut pas perdre notre leadership services et la compétition est là aussi très dure. |
Comment faire de la France un pays davantage tourné vers le numérique ?
Il faut revoir l’enseignement depuis le plus jeune âge jusqu’aux grandes écoles et à l’université, faire en sorte que les chercheurs qui ont des idées géniales dans ce segment les développent en France et pas ailleurs. Inciter les rapprochements entre entreprises, créer des pôles de recherche et de créativité. Par ailleurs, le plan « French Tech » me semble bien. Je pense que la France doit se créer une identité technologique. Nous en avons une dans la recherche, reste à faire de même dans la création d’entreprises. Les étrangers pensent à nos étudiants ou nos talents en général quand il s’agit d’embaucher, il faudrait demain qu’il pense à la France quand il s’agira d’investir. Pour cela il nous faut notre French Sillicon Valley … peut-être Grenoble, Saclay, Sophia Antipolis ou ailleurs, mais il en faut une. Il faut aussi faire rêver. On a des atouts, à nous de les mettre en musique.
Votre proposition de former des politiques au numérique a-t-elle eu des suites ?
Pas encore et je le regrette bien. Néanmoins, les programmes sont prêts, ont été communiqués et franchement mes équipes sont très motivées à venir dérouler ces sessions.
Comment le numérique peut-il permettre à l’Etat de mener les réformes dont il a besoin, notamment en matière d’efficacité et de réduction de la dépense publique ?
Déjà, par la mise en place d’une gestion des données performante (les données doublent tous les 18 mois). C’est le big Data. On n’imagine pas les gains que l’on peut obtenir en utilisant mieux les données en interne.
Ensuite, nous avons au sein d’HP des méthodologies de rationalisation des dépenses et des investissements qui permettent de gagner en de nombreux points. Je peux prendre l’exemple des tests. De la conception à la mise en production d’applications et de logiciels en passant par les phases de développement, les tests de contrôle effectués par les entreprises sont nombreux et très couteux. Nous disposons d’usines de tests qui permettent à nos clients de gagner entre 30 et 40 % sur ces lignes de dépenses. Cela peut se chiffrer en centaines de K€ ou en millions. Dans tous les domaines, le numérique peut apporter des solutions. Nous avons une très bonne expérience en la matière.