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Petit déjeuner avec Christian Estrosi "Favoriser la croissance de l’Industrie numérique"

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Le Club Parlementaire du Numérique a reçu Christian Estrosi le 20 janvier dernier autour d’une vingtaine de parlementaires et de différents acteurs de l’économie numérique. Ce rendez-vous a inauguré une année  tournée vers les réalisations concrètes, encouragées par le Grand emprunt.

« Le sous-investissement de la France dans les nouvelles technologies explique 60% de notre écart de croissance avec les Etats-Unis depuis 2000 », a rappelé François Fillon, en déplacement à Vélizy la veille de la réunion du Club. Le déploiement de la fibre optique et la vitalité du secteur des nouvelles technologies sont donc deux grandes priorités pour 2010.
Après une année 2009 riche en débats, l’heure des réalisations concrètes approche. Le Grand emprunt permet d’abonder le nouveau fonds pour la société numérique à hauteur de 4,5 milliards d’euros, le passage à la TNT va libérer le fameux dividende numérique…Il est temps pour l’Industrie numérique française d’entrer de plain pied dans cette mutation historique.

L’enjeu de ce grand chantier pour l’industrie se trouve autant à l’origine qu’à l’accomplissement du processus. A l’origine, c’est la capacité d’innovation qui est sollicitée : « La France doit être capable de proposer les produits les plus innovants. Plutôt que d’acheter de la fibre à des pays plus performants, il vaut mieux que la France en vende ». a affirmé Christian Estrosi. Et au final, c’est le tissu industriel qui est impacté : « Sans THD dans les zones d’activités, des industriels risquent de nous quitter ». 

Le ministre de l’Industrie compte sur le grand emprunt pour jouer efficacement le rôle d’effet de levier. Il a précisé la teneur de l’annonce faite la veille par François Fillon au sujet de la révolution numérique.
Concernant le développement des usages, des services et des contenus, Christian Estrosi a évoqué quatre grands thèmes porteurs d’innovation :
Le soutien aux technologies de base (Nanotechnologies, logiciels, télécommunications…) qui constituent le « socle de notre positionnement industriel dans le secteur des TIC et dont le savoir-faire se diffuse à  l’ensemble des secteurs industriels » (1).
Le développement du cloud computing (2) grâce à la création d’une société privée à capitaux mixtes chargée de concevoir, de construire et d’exploiter ce modèle d’infrastructure, « pour l’heure sous domination américaine ».
La numérisation des contenus est un enjeu industriel et non seulement culturel, a précisé Christian Estrosi. C’est pourquoi, en troisième lieu, « l’emprunt doit permettre d’améliorer les technologies de production, de traitement de gestion et de diffusion des contenus ».
Enfin, un effort particulier doit être porté sur les nouveaux usages : réseaux électriques intelligents, télésanté, nouvelle organisation de la ville….

Sur le sujet très vaste et sensible du déploiement de la fibre, Christian Estrosi a également apporté des précisions :
Pour optimiser l’investissement privé dans les zones rentables, « des appels à projet seront lancés à l’échelle des régions et un seul sera sélectionné par territoire, qui bénéficiera d’instruments financiers incitatifs et d’une labellisation ». Les critères pris en compte, a-t-il précisé, seront notamment la vitesse de déploiement et l’avis des collectivités locales concernées.
Les initiatives publiques complémentaires, qui forment avec les projets prévus par les opérateurs un ensemble cohérent, bénéficieront d’une aide d’Etat.
Et concernant les zones les plus reculées, Christian Estrosi n’a pas caché son attachement à la solution du satellite nouvelle génération.
Au cours du débat qui a suivi, le ministre de l’Industrie a recueilli les remarques et réflexions des participants. Certaines interventions ont relevé des problèmes de fond.

Dissocier l’infrastructure du service ?

Dans le monde des réseaux, a-t-on fait remarquer, les télécommunications font figure d’exception. Pour le transport ferroviaire ou même routier, l’infrastructure est dissociée du service. Mais pas dans le secteur des télécoms où la construction des infrastructures par les opérateurs est gage de concurrence et de diversité des offres (3). Mais, faut-il encore tenir que cette concurrence par les infrastructures est le bon modèle pour garantir la créativité et la diversité ? « Je veux trouver les équilibres qui permettent à chacun de ces opérateurs de consacrer une part de leur chiffre d’affaires à l’innovation », a répondu sur ce sujet Christian Estrosi.

Offrir une autoroute aux véhicules californiens ?

En matière de financement, le rapport entre contenu et infrastructures pose au moins autant de questions :
Les opérateurs, d’accord pour financer la construction du réseau, n’ont que l’augmentation de l’abonnement comme moyen de financement a fait remarquer un participant. Ils se demandent comment expliquer aux particuliers et leur vendre un concept qui consiste à financer une autoroute sur laquelle roulent des véhicules californiens ? La question de la répartition de la richesse produite entre le contenu qui circule sur Internet et celui qui supporte le poids de la construction des infrastructures est ainsi posée. Sur ce point, Christian Estrosi a répondu indirectement, en mettant en avant les solutions propres à faire baisser les coûts de réalisation : mettre tous les acteurs en boucle pour s’assurer d’une mutualisation de toutes les stratégies d’aménagement et éviter ainsi la dispersion des dépenses. Sans compter le gain en efficacité pour les PPP.

Une autre intervention a soulevé la question de l’état du développement des services auxquels cette fibre optique donnera accès? Car si les services actuellement disponibles le sont grâce au cuivre, il faut davantage que des perspectives d’avenir pour encourager les opérateurs à investir dans un réseau THD…Il faut donc que les nouveaux services se développent parallèlement au déploiement du réseau en fibre. Comment s’en assurer ?
Christian Estrosi estime que l’Etat a créé un contexte qui renforce la compétitivité des entreprises, notamment grâce à la suppression de la taxe professionnelle et par le crédit impôt recherche, « le plus performant du monde » (4 milliards d’euros de versés dont 40% vont jusqu’à la production). « Pourquoi ne pas consacrer une part de cette enveloppe à faire un crédit impôt innovation, qui accompagnerait  les entreprises jusqu’au prototypage et jusqu’à la production ? » Cette piste évoquée par le ministre, sera bientôt renforcée par les propositions qui émaneront des états généraux de l’industrie. Pour ce qui concerne l’implication des opérateurs, Christian Estrosi affirme que ces derniers « sont conscients que celui qui ne sera pas à la pointe est voué à disparaître ». Inéluctablement, a-t-il ajouté, « les nouveaux métiers et les nouvelles entreprises émergeront grâce à la fibre ». 

Armel Forest


(1) Christian Estrosi a lancé une mission visant à définir une stratégie de positionnement des sites industriels de nanotechnologies sur les champs de diversification offerts par les filières d’avenir : gestion d’énergie, santé, transports…
(2) Dispersion d’un système d’information, de ses applications et de ses données sur des infrastructures (serveurs distants interconnectés) prises en charge par un ou plusieurs prestataires. 
(3) La concurrence par les infrastructures a été mise en œuvre depuis la directive du 1er paquet télécom en 1996.

Mise à jour le Mercredi, 27 Janvier 2010 14:37  

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