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Trois questions à Ludovic Robert, P-DG ICTL-Liaisons Optiques*

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L’innovation passe aussi par les PME

Lors de la dernière réunion du Club Parlementaire du Numérique, Christian Estrosi a tenu ce propos (entre autres). « La France doit être capable de proposer les produits les plus innovants. Plutôt que d’acheter de la fibre à des pays plus performants, il vaut mieux que la France en vende à des pays moins performants ». Quelles réflexions vous inspire cette remarque sur l’industrie numérique en France, ses atouts et faiblesses, ses perspectives ?

C’est une remarque qui vaut pour beaucoup de secteurs économiques. La France, comme beaucoup de pays dits industrialisés, se désindustrialise au profit de pays anciennement émergeants. En premier lieu, la Chine qui s’impose désormais comme la principale « usine du monde ».

Sans industrie, la France va perdre sa recherche, ses exportations, ses emplois… en un mot son avenir.
Pour limiter les effets induits de la mondialisation, il y a, entre autres, l’innovation. Cette innovation est présente dans de nombreuses entreprises Française et surtout dans les PME qui n’attendent qu’une chose : qu’on leur fasse confiance.
Les idées au Japon et aux USA sont bien mieux mises en valeur, mieux commercialisées qu’en France. C’est, au final, leurs idées que l’on retient le mieux. Prenons cet exemple d’un brevet du CEA sur les écrans LCD resté dans un carton pendant 20 ans et redécouvert par un thésard. Dommage ! Il s’est aperçu que tous les fabricants d’écran LCD utilisaient l’idée du CEA, sans que cet organisme ne le sache …
On peut aussi parler de ces entreprises qui ne peuvent vendre leurs produits par manque d’appui des décideurs. Les « donneurs d’ordres » disent qu’elles sont trop petites, mais si elles n’ont pas assez de capitaux propres c’est avant tout parce que leur technologie n’a pas les moyens de faire ses preuves. Une innovation nécessite une certaine dose d’audace et de prise de risque. En outre, il nous faut combattre le sentiment que tout ce qui vient de l’étranger est mieux que ce qui est fabriqué en France. Souffrirait-on d’un complexe dans ce pays ?

Qu’en est-il de votre propre expérience avec ICTL ?

Nous, ICTL-Liaisons Optiques, PME Française, spécialisée dans la fibre optique depuis 20 ans, avons perdu des marchés face à des entreprises étrangères, sans avoir pu livrer bataille. Dans notre propre pays, certains décideurs ont préféré travailler avec de grandes entreprises Internationales, sans même nous consulter, du fait de notre taille. Une frilosité qu’ils justifient  par l’argument du moindre risque. Et pourtant, bien souvent, ces sociétés ne fabriquent pas elles-mêmes les produits en question ! Bien heureusement d’autres nous ont fait et continuent de nous faire confiance. Cela nous a permis de doubler tous les quatre ans et de dépasser largement la barre psychologique des 10 millions d’Euros de chiffre d’affaires l’année dernière.

Alors, notre propre faiblesse serait-elle le manque de confiance en nous même ? Le manque de confiance en nos PME françaises se caractérise par le refus de donner leur chance aux petits, par le manque de reconnaissance accordé aux créateurs et aux développeurs et par le « tout est forcément mieux ailleurs ».
Pourtant nos atouts sont réels. Ce sont toutes ces entreprises, grandes comme plus petites, qui résistent parce qu’elles y croient. Elles résistent souvent parce qu’une poignée d’hommes et de femmes se battent tous les jours pour sauvegarder l’industrie « made in France », en déposant des brevets, en innovant…
Alors, accompagnons ces énergies de l’innovation en limitant les charges que d’autres n’ont pas,  les rigidités que d’autres n’ont pas, les craintes que d’autres n’ont pas !

Comment l’industrie numérique française peut-elle conquérir une position solide ?

Le numérique en France est une opportunité pour sortir de la crise, pour que la France revienne dans la course des grandes puissances, pour investir de nouveaux marchés, pour exporter nos produits et pas seulement expliquer aux autres comment le faire.
Pour rebondir plus précisément sur l’idée de M. Estrosi, est-ce qu’aujourd’hui encore, vendre de la fibre optique revient à vendre un produit innovant ? Personnellement, je ne crois pas. C’est un combat d’arrière-garde. La place est déjà prise par de nombreux intervenants, très compétitifs et commercialement très présents.

Mais il y a toujours moyens de développer de nouveaux produits. Notre société lance un nouveau produit tous les 3 mois. Nous sommes la première entreprise française à avoir développé les boîtiers abonnés pour les fibres optiques, il y a maintenant 2 ans. C’est cependant à l’étranger qu’ils sont le plus utilisés.
Alors, pour que nous puissions être compétitifs à l’étranger, il faut déjà faire confiance aux PME et obtenir un marché intérieur fort. Le marché Français est le tremplin, pour les entreprises Françaises, pour vendre leurs produits à l’étranger. Nous ne pouvons pas devenir les leaders chez les autres sans l’être auparavant chez nous. 
Nous attendons donc ces décisions importantes dans le FTTH et les investissements des grands donneurs d’ordres pour qu’enfin tout débute. Tout est encore à construire, mais le temps presse, la France n’est pas seule dans la course.

* www.ictl.com

Mise à jour le Mercredi, 27 Janvier 2010 14:38  

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