Club Parlementaire du numérique

  • Increase font size
  • Default font size
  • Decrease font size
Home Telecom Roland Montagne : "Les collectivités ont joué un rôle essentiel dans la couverture Haut Débit"

Roland Montagne : "Les collectivités ont joué un rôle essentiel dans la couverture Haut Débit"

Envoyer Imprimer

Fondé en 1977, l’IDATE est un cabinet d’études et de conseil pour les secteurs Télécoms - Internet - Médias. Roland Montagne, Directeur de la branche Telecoms de ce cabinet, a accepté de répondre aux questions du Club Parlementaire du Numérique. Au programme : déploiement du Très Haut Débit, 4G, couverture du territoire, investissements en infrastructures... Entretien.

Pourquoi investir à tout prix dans le Très Haut Débit ?

Plusieurs faisceaux nous montrent que la technologie du Très Haut Débit sera de plus en plus utile. L’une de ces preuves, c’est que de plus en plus, plusieurs applications arrivent en même temps dans les foyers, ce qui différencie l’usage d’un simple accès au Haut Débit… Plusieurs canaux de Télévision en Haute Définition, bientôt en 3D,  télé connectée, utilisation par les adolescents des jeux en ligne, bientôt utilisation des communications téléphoniques via la télévision : la simultanéité de tels usages nécessite plus que les 20 mégas que permettent aujourd’hui l’ADSL dans les meilleures conditions. On a vite besoin de 100 mégas. D’autre part, Les usages numériques exigent un débit de plus en plus symétrique : chacun envoie ses lourdes informations sur Internet (vidéos, photos haute définition sur les réseaux sociaux par exemple). De plus,  le développement de l’Internet mobile grâce aux Smartphones et tablettes numériques fait qu’au sein d’un même foyer, une multitude d’appareils sont connectés sur la même « box » (via WIFI notamment).

Le secteur de l’entreprise ressent de plus en plus le besoin de disposer de plus de débit notamment avec le développement du Cloud qui a besoin d’être dynamique. L’ouverture des applications et des dossiers dans ce Cloud a besoin d’un accès rapide et sans temps de latence. La fibre optique diminue énormément ce temps de latence.

"Le déploiement de la LTE est en retard"

Cependant, sur notre réseau cuivre de qualité, les résidents peuvent ne pas percevoir l’intérêt du Très Haut Débit. C’est le travail des opérateurs et des pouvoirs publics que de sensibiliser le public à ces nouveaux usages et leurs potentiels.

Les opérateurs peuvent aussi rechigner à investir dans des nouveaux réseaux…

Il est vrai que les opérateurs restent un peu timides pour promouvoir ces technologies.... Numericable fait office de très bon élève sur ce point-là et a été le premier à communiquer largement sur le sujet, les autres opérateurs s’y mettent à présent

Quelle est la situation de la France dans le déploiement de la fibre ?

Selon les chiffres de l’IDATE, en France, près de 5.8 millions de foyers sont couverts en FTTH ou FTTB, soit 20% des Français. Au niveau mondial, la France est derrière les Etats-Unis qui a 44% des foyers couverts, le Japon (90%) ou la Corée (96%). En Europe, l’Angleterre est à 22% et l’Allemagne à 26%. Dans ces deux derniers pays, la technologie est différente puisque la fibre est déployée au coin de la rue avec des raccordements sur les derniers mètres en cuivre pour les foyers.Ils sont donc devant nous mais avec une technologie beaucoup moins coûteuse. La France a misé sur la technologie « royale » où la fibre arrive en bas de l’immeuble ou jusqu’au foyer.  Quelques petits pays sont devant nous (la Lituanie avec 80% de foyers couverts par exemple) mais la France est devant l’Espagne ou l’Italie.

"Les opérateurs se sont engagés sur des couvertures d’ici 5 ans mais il ne faut pas attendre 5 ans pour s’apercevoir que ces engagements ne seront pas tenus…"

 Et en téléphonie mobile 4G ?

On est clairement en retard en France sur ce point. Il y a un véritable succès des achats de smartphones et Iphones mais le déploiement de la LTE, la technologie 4G la plus prometteuse, est en retard. L’attribution des fréquences 4G concerne uniquement 2,6 gigas. Aux USA, au Japon en Allemagne et dans les pays du nord de l’Europe, le déploiement est bien plus avancé.

La France est-elle correctement couverte en Haut Débit ?

La France est bien couverte. La totalité des centraux de France Télécom sont équipés en DSL. 99% des lignes en cuivre en France sont éligibles en service Haut Débit. Mais cette technologie montre ces limites. Pour ceux qui habitent trop loin du répartiteur, le débit fond comme peau de chagrin. Il reste quelques lignes mal desservies par le Haut Débit mais c’est inhérent à la technologie DSL.

Qui croire : les parlementaires et élus locaux qui se plaignent d’une « fracture numérique » ou les opérateurs qui se satisfont de la couverture actuelle ?

Il faut souligner le rôle essentiel des collectivités territoriales pour favoriser la couverture Haut Débit. A travers les réseaux d’initiatives publiques et la promotion de la compétition en facilitant l’avancée du dégroupage dans les territoires, elles ont largement contribué à une bonne couverture du territoire.

Les élus locaux se focalisent aujourd’hui sur l’arrivée du Très Haut Débit. Ils sont dans leur rôle en reconnaissant le caractère stratégique d’un bon équipement des territoires et en anticipant  les besoins de demain. L’enjeu est de taille : il s’agit de reconstruire un bon fonctionnement du marché et d’établir une nouvelle compétition entre les opérateurs. Cette compétition a permis l’émergence d’un marché compétitif sur  le Triple Play et  l’ADSL. Les bons résultats sur le Haut Débit, en termes de couverture du territoire et de compétitivité, sont à retrouver sur le Très Haut Débit ; là est le challenge !

  "L’enveloppe de 900 millions d’euros des investissements d’avenir pour le déploiement de la THD semblent assez faible au regard des 25 milliards estimés  nécessaires pour la couverture totale du territoire"

L’IDATE souhaite l’assurance de la stabilité du dispositif réglementaire mis en place dans les zones très denses et moins denses par l’ARCEP ; il faut néanmoins  s’assurer de la coordination entre les opérateurs privés et les collectivités. Le débat doit se faire autour d’un tableau de bord qui serve de base pour le suivi des engagements des opérateurs. Les opérateurs se sont engagés sur des couvertures d’ici 5 ans mais il ne faut pas attendre 5 ans pour s’apercevoir que ces engagements ne seront pas tenus… L’ARCEP devrait avoir un échéancier assez serré pour vérifier la tenue des engagements des opérateurs. Il faudrait aussi une définition claire de la notion de raccordement en THD. Une définition claire permettrait d’éviter aux opérateurs de jouer sur les mots…

Les investissements sont-ils suffisants ?

Les opérateurs sont face à des investissements conséquents avec le THD et la LTE ; ils sont confrontés à l’explosion des usages et du trafic. Leurs revenus ne profitent pas de ces nouvelles consommations… Ils sont donc face à un challenge pour financer ces nouveaux réseaux.

Quant aux pouvoirs publics, l’enveloppe de 900 millions d’euros des investissements d’avenir pour le déploiement de la THD semblent assez faible au regard des 25 milliards estimés  nécessaires pour la couverture totale du territoire (chiffre de l’ARCEP)… Quant à la procédure d’obtention des subventions, les dossiers ne sont pas toujours très simples à constituer pour les collectivités. Des efforts quantitatifs et qualitatifs sont donc nécessaires de la part des pouvoirs publics. 

Mise à jour le Vendredi, 18 Novembre 2011 09:38  

Accès Membres

Vidéos