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L’agenda numérique européen à la recherche de la croissance

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La directrice-adjointe de cabinet de Neelie Kroes, Lorena Boix-Alonso, était l’invitée du dernier dîner débat. Elle a abordé les différents enjeux numériques européens avec pour objectif la recherche par tout moyen de la croissance économique.

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 « Je suis la seule à venir avec de bonnes nouvelles » affirme souvent Neelie Kroes à ses collègues de la Commission européenne. L’anecdote est rapportée par Lorena Boix-Alonso, invitée du dîner du Club parlementaire du numérique, directrice-adjointe de cabinet de Neelie Kroes. Et pour cause : alors que tous les secteurs de l’économie chancellent, celui du numérique semble être un des moteurs de croissance des plus prometteurs. Et c’est bien cette recherche de croissance qui guide toute la philosophie de l’agenda européen 2020…

Très haut débit : investissements publics indispensables

Pour cadre à ce potentiel de croissance, l’investissement en infrastructure semble indispensable. « L’objectif reste l’accès au Haut Débit pour tous les citoyens européens avant 2013, un accès pour tous à 30 MG/Bits et 50% des abonnements à 100 MG/Bits avant 2020» affirme Lorena Boix-Alonso. Les investissements actuels ne semblent cependant pas à la hauteur de ces objectifs. L’Europe, dans le cadre du plan « connecting Euro facility », a débloqué une enveloppe de 30 milliards d’euros pour les infrastructures (transport, énergie, télécom) dont 9 seront dévolus aux télécoms, infrastructures comme contenus. S’agira-t-il de prêts ou de subventions ? La collaboratrice de Neelie Kroes donne pour seule réponse, l’institution qui sera en charge du déploiement de cette enveloppe, la banque européenne d’investissement. Un premier indice sur la forme que pourrait prendre le déploiement de ces 9 milliards.

« L’investissement privé est efficace, là où il y a de la concurrence »

Mais plus que ces aides publiques, Lorena Boix Alonso insiste sur l’importance d’un développement de la concurrence entre les opérateurs. « L’investissement privé est efficace, là où il y a de la concurrence » répondra-t-elle aux inquiétudes des députés Lionel Tardy (UMP, Haute Savoie) et Corinne Erhel (SRC, Côtes-d’Armor) concernant le déploiement du Très Haut Débit et les engagements des opérateurs. La concurrence, ce maître mot pour Lorena Boix-Alonso qui constitue aussi une solution pour conserver la neutralité du Net : si la concurrence est effective et si un consommateur peut facilement changer d’opérateur, la neutralité sera respectée.

Droits d’auteur : le marché commun impossible ?alt

La production de services et de contenus européens est le graal pour tenir la course dans le monde du numérique. Parmi ces contenus figure la production culturelle. Bernard Miyet (photo), président de la Sacem, dénonce l’approche de la Commission qui tend à appréhender les droits d’auteur sous le prisme d’un marché unique, « un Alpha et Omega » dangereux selon lui, « si les bassins linguistiques, les bassins d’amortissement et d’investissement des projets, les équilibres des médias et du financement de la création ne sont pas pris en compte… » Il est impossible d’obtenir un marché unique culturel rassure Lorena Boix-Alonso qui réitère néanmoins le souhait de la commission de voir les auteurs et les distributeurs viser un marché plus large que le marché purement territorial. Cette stratégie passe par l’encouragement du développement de licences au niveau européen. 

« Les administrations publiques sont sur une mine d’or »

Autre potentiel de croissance dans ce secteur du numérique : l’ouverture des données publiques qui représente selon Lorena Boix-Alonso 40 milliards de gains directs et 140 milliards de gains indirects potentiels.. Les « administrations publiques sont assises sur une mine d’or » résume Lorena Boix-Alonso qui se félicite au passage du nouveau portail français de données publiques (data.gouv.fr)… Quant aux données des entreprises privées, elles ne sont pas dans le champ du projet de directive de la commission. C’est ce que Benoît Tabaka, secrétaire général du CNN, souligne devant la directrice-adjointe de Neelie Kroes dénonçant au passage que « des données essentielles » notamment celles des entreprises de transports (horaires) restent dans les mains d’opérateurs privés… Réponse de  Lorena Boix-Alonso: « On ne va pas changer le régime de la propriété privée et on ne peut pas obliger les entreprises à libérer leurs données…» Au-delà de ces principes évidents, la pratique semble plus souple. Entreprise par entreprise des données peuvent être ouvertes.

« No disconnect strategy »

Le récent plan « no disconnect strategy » visant la protection des libertés numériques pose des questions. Ce plan permettrait aaltux citoyens de disposer de kits informatiques pour éviter par exemple le blocage d’Internet par des dictatures… A partir de quand considère-t-on qu’un gouvernement est oppressif ? Par exemple, la Russie, gros partenaire commercial de l’UE, est-elle un régime oppressif demande judicieusement Benoît Tabaka (photo) ? Lorena Boix-Alonso confirme la difficulté de distinguer un régime oppressif d’une démocratie et explique que la réflexion ne fait que commencer. Libertés numériques, croissance, infrastructures, droits d’auteur… : ce dîner-débat montre combien le numérique est au cœur des problématiques actuelles.

Pierre Laffon

Mise à jour le Mardi, 27 Décembre 2011 16:48  

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